ROBOCOP
Chez nous, c’est Robocop qui fait à manger.
C’est Robocop qui fait le lavage.
Robocop qui fait le repassage.
Robocop qui trie mes bas.
Robocop qui fait du jello les mardis pour souper.
Robocop qui m’engueule parce que ma maîtresse à l’école c’est une ostie de ménopausée à marde qui est pas capable de m’enseigner comme du monde le sens moral, qui passe son temps à me shooter d’la marde en espérant que mon cœur s’appelle Vendredi, comme dans Robinson Crusoé.
Mon cœur est indomptable. Mon cœur est pas comme Vendredi.
Robocop pis la maitresse couchent ensemble. Y’a des robots crétins en câlisse qui surveillent dans cour d’école. Robocop pis la maitresse couchent ensemble. Ça fait des bébés robots qui mitraillent c’que tout le monde bave d’appeler mon adolescence.
Don't mess with Renald...
J’ai parqué ma Mustang en arrière de chez vous, que’que minutes avant 4h00 du matin, la nuite avant qu’ta femme me tue. Je l’ai cachée à côté de ton cabanon. J’ai accroché avec le cul d’mon char l’bois que t’avais cordé là. Tu m’excuseras, hein, j’ai pas ramassé lé buches qui étaient tombées. J’ai eu peur que ça vous réveille, toé pis Cyndy-Loo. Même si chu arrivé à 4h00 du matin chez vous, j’voulais prendre mon temps. Chu resté caché une bonne es’cousse. J’me suis amené dé cassettes. J’traîne toujours la cassette de Kurt Cobain Unplugged sur MTV. Cé comme le crème soda qui pétille. Ça m’donne du courage. J’ai écouté d’la musique pas fort une partie d’la nuite. J’avais l’couteau caché dins poches de mon manteau d’cuir. J’me suis dit que si tu me r’marquais, tu viendrais m’voir pis que je te poignarderais. J’me suis pratiqué deux trois fois à dégainer le couteau d’mé poches le plus rapidement possible pis l’planter dans l’volant d’mon char, m’imaginant que c’était ton cœur. J’voulais pas qu’tu m’surprennes en arrière de chez vous tu suite, par z’emple. J’aimais mieux pas. J’savais que ta femme partait d’chez vous vers six heures et demie du matin. J’aurais pas voulu qu’a me voit te tuer avant qu’a parte travailler. Trop de troubles. (Un temps.) Ta femme… Est tellement sensible. Est tellement fragile. Pis elle, j’ai jamais voulu y faire de mal. Je l’aime, tsé. Chu un salaud d’classe, moé, tabarnak. J’aime sa gueule un peu perdue, j’aime son rire nerveux, j’aime sé yeux tristes. Je l’aime. J’aime même le fait qu’a soit malade dans tête, ostie. J’aime ça la fourrer, ta femme.
J’ai l’air fin, là. Une balle dans tête, le bras entaillé, la mort au cœur.
J’me su endormi un moment donné, en pensant à ta femme. Cette nuite-là, j’ai rêvé que moé pis ta femme on marchait tu seule sur l’autoroute Transtaïga. Y’avait personne. Juste d’la gravelle. Dé collines d’épinettes. Dé bruits d’respiration.
J’ai rêvé à ta femme. A respirait fort. A me t’nait la main pis a m’écrasait lé doigts. On marchait tu seul icitte. On était tout nu pis y faisait pas frette. Nos pieds craquaient su’a gravelle. La Mustang nous suivait, nous éclairait avec lé phares pis forgeait nos ombres sur une vingtaine de pieds. Ta femme a respirait fort. Comme ça. (Il pousse quelques soupirs vocaux aigus.) Comme si j’y faisais déjà l’amour. Pis on sé couché dans gravelle au milieu d’la route, juste à côté d’la carcasse d’un gros oiseau noir, à moitié mangé par lé loups. Un gros oiseau en cuir comme mon manteau. Pis on a faite l’amour. Pour vrai. Dans mon rêve. Au milieu d’la Transtaïga. Jusqu’à ce que j’vois ma Mustang me foncer d’sus. J’me sus réveillé.
Pis quand j’me suis réveillé, y faisait clair pis y faisait chaud dans l’char. J’ai ouvert lé f’nêtres, même si j’savais qu’dehors c’était janvier. (Un temps.) J’me sus imaginé dé scénarios où ta femme me croisait avant d’aller travailler. Peux-tu croire à ça? Même stressé d’aller te tuer, j’avais l’goût d’elle.
J’avais envi de m’branler quand j’ai vu ta femme sortir de chez vous l’matin. Ses fesses frottaient la tôle de ta Plymouth...
La Transtaïga cé une route où la police cé Dieu pis l’diable.